Les profs d’EPS d’Ile-de-France mobilisés en Assemblée Générale (en visio) pour défendre leur métier

Mercredi 4 novembre, près de 250 professeurs d’EPS des 3 académies de Créteil, Paris et Versailles se sont réunis lors d’un Assemblée Générale en visioconférence. L’enjeu : faire face collectivement aux mesures prises dans l’urgence et sans concertation par le ministère de l’éducation nationale. Retrouverez un résumé des échanges et l’enregistrement audio plus bas !

Avec les collègues connecté.es, nous avons pris le temps d’informer et d’échanger sur les nombreux sujets qui touchent les professeurs d’EPS et nos missions (masques, gel, distance de 2m, brassage, contacts, mais aussi la question des sports collectifs, l’AS ou l’accès aux installations qui est normalement toujours autorisé !). Nous ne devons pas en rester là car la situation risque de se prolonger et de nombreux problèmes restent encore sans réponse. En effet, il est demandé aux équipes de collèges et lycées de définir une organisation jusqu’aux vacances de décembre. Or nous sommes face à une diversité de contextes selon les établissements, les villes et les départements et les réponses à apporter sont loin d’être faciles.

Pour faire face collectivement à cette situation inédite, des perspectives sont alors posées :

 

Des sujets méritent de poursuivre ces AG en visio pour continuer de faire le point sur l’évolution de la situation sanitaire, la mise en place des protocoles, mais aussi pour creuser certains sujets :

  • L’évaluation, notamment en lycée avec le bac en contrôle continu, mais aussi en collège car nous devons repenser notre enseignement et son évaluation. Rendez-vous le 18 novembre à 18h
  • Le sport scolaire et les AS sont aussi en 1ère ligne avec la notion de brassage qui pose de fortes questions aux chefs d’établissements et aux équipes, mais aussi avec la question du contact qui nécessite de se positionner et de savoir quoi proposer aux élèves. En cas d’annulation de l’animation de l’AS, qu’en est-il alors des heures liées au forfait ? Date à déterminer

 

Retour sur les échanges de l’AG du 4 novembre 2020 et les perspectives collectives ==>

Réécouter le podcast de l’AG du 4 novembre :

1.Accès aux installations sportives et déplacements en dehors des établissements :

Une alerte attentats a été mis en place par la préfecture du 95 interdisant les sorties pour l’ensemble des élèves. Pour les autres départements, les échanges ont fait ressortir un climat d’inquiétude, notamment dans Paris. Il est impératif de s’adresser au SNEP-FSU local en cas d’interdiction de la part des chefs d’établissements ou pour signaler des difficultés/risques aux alentours de vos établissements.

 

2.Questions sanitaires : masques (profs et élèves), distance de 2m, contacts et conséquences professionnelles (choix et adaptations des APSA) :

Le protocole de novembre impose de nouvelles mesures plus strictes (et plus claires) que celles de septembre. Si nous avons su, au sein de nos équipes EPS, proposé des ajustements de programmation et de modalités de pratique des APSA, les réactions des collègues à l’AG ont permis d’échanger et de débattre sur les nouvelles réglementations pour savoir ce qu’il peut désormais être envisagé avec nos classes. Mais le mal-être est grand car l’équation entre notre propre protection, celle des élèves et l’ambition que nous voulons donner l’EPS que nous pouvons proposer n’est pas aisée à résoudre.

Si le masque est interdit pendant la pratique, des élèves veulent le garder et des collègues estiment alors que ce choix dépend de l’intensité de pratique. Le SNEP-FSU, dans la lettre au ministre, a renouveler la demande de masque chirurgicaux pour les profs d’EPS. Nous pouvons aller plus loin en exigeant des masques FFP2 pour tous les collègues qui le demanderaient.

Concernant les 2 mètres entre chaque élève et le contact désormais « proscrit » dans le nouveau protocole, nous avons partagé le fait que ceci impose de nombreuses modifications de notre enseignement, jusqu’à interroger la possibilité du respect de ce protocole !

Le discours de « confiance » de la part du ministère ne suffit pas, même si l’enjeu de pratique physique et d’EPS est porté largement par la profession. Nous invitons les collègues à ne pas baisser les bras et à s’impliquer auprès de leur hiérarchie (en exigeant par exemple des demi-groupes) ET de leurs élèves pour défendre à la fois un respect au plan sanitaire ET une organisation de l’EPS permettant une mise en pratique la plus ambitieuse malgré ces contraintes.

 

3.Brassage d’élèves à l’AS :

Si le protocole permet la poursuite des activités des associations sportives, les questions de groupes et de modalités de pratiques proposées restent posées. Le doute et la responsabilité étant présents chez les collègues comme chez les personnels de direction, des AS sont tout simplement annulées pour ne pas « brasser » des niveaux ou parce que les « groupes constitués » au sein des activités de l’AS « brassent » des élèves de différentes classes ou niveaux. Or, au plan officiel, le discours est que les activités peuvent perdurer en aménageant la pratique.

Lorsque les AS sont annulées, se pose la question du forfait et donc du service des personnels concernés. Nous vous invitons, comme sur l’ensemble des sujets, à nous informer dans le cas où votre principal ou proviseur vous demanderait de compenser votre service à d’autres moments ou à envisager les modalités de pratiques qu’il est possible de proposer.

 

4.Sécurité et considération de l’institution pour les profs :

Le climat d’insécurité qui s’est amplifié suite à l’assassinat de Samuel Patty et l’attentat de Nice a entrainé le déclenchement d’une « alerte attentat » dans le département du Val d’Oise et avec l’interdiction aux équipes toute sortie de l’établissement. Mais lors de l’AG, des collègues nous ont fait part de leurs inquiétudes et du sentiment d’abandon de la part de l’institution.

Aux risques encourus par les enseignants au plan sanitaire, s’ajoute de mauvaises conditions d’enseignement (installations éloignées) et le besoin de reconnaissance et de soutien qui fait lui-aussi défaut. La détresse des collègues a fortement été soutenue par les participants lors des prises de paroles de différents collègues. Le SNEP-FSU continuera d’être à l’écoute et de soutenir les collègues en portant ses revendications avec vous.

 

5.Evaluation à tout niveau et bac en contrôle continu :

Cette question, initialement prévue à l’ordre du jour, n’a pas pu être abordée lors de l’AG, mais reste posée à chaque prof d’EPS et au sein de toutes les équipes d’établissement. Depuis la rentrée les profs de lycée sont censés mettre en œuvre leurs nouveaux « référentiels locaux » d’évaluation dans le cadre de la réforme du bac 2021. Avec le nouveau protocole, il n’y aurait « plus d’urgence certificative à court terme ». Cette phrase pose le principe d’un contrôle continu où les élèves de terminales seraient, comme tous les autres élèves évalués au travers de leur bulletin trimestriel, la possibilité restant « offerte » de ne mettre que 2 notes… Mais alors pour ParcourSup, comme pour tous les niveaux, se pose alors la question du contenu de l’évaluation.

Si la réforme du bac impose 8 points sur 20 sur les rôles sociaux et le savoir s’entrainer, c’est l’ensemble de la profession qui est aujourd’hui interrogée sur le contenu de son enseignement et son évaluation.

Le sujet est donc loin d’être clos et nous aurons à en débattre et à construire, tout au long de l’année, des revendications et propositions avec les équipes pédagogiques pour défendre une vision égalitaire sur l’ensemble du territoire à moyen/long termes et mettre en avant notre capacité à proposer des contenus exigeants pour nos élèves malgré des conditions dégradées au regard des contraintes sanitaires.