La compétition cela s’apprend, on y apprend

Plus de 120 personnes à Bobigny, un succès qui dépassent nos objectifs ! Regard sur une initiative.

 

Le SNEP ne peut que se féliciter de cette initiative qui a un sens politique important pour notre organisation. Travailler avec la FSGT, organisation du sport populaire, avec les élus, avec le conseil général, c’est permettre ce croisement des mondes et des horizons sur un même objet commun le sport. C’est de notre point de vue une façon de construire autrement un service public du sport et notamment du sport pour tous dont le dernier rapport des comptes montre l’extrême faiblesse. Pour résoudre des questions de démocratisation du sport, il ne suffirait pas d’envoyer les professeurs d’EPS animer le sport scolaire pour résoudre le problème.

 

Ce colloque sur la question de la compétition s’inscrit dans une période de débats intenses dans toute la France sur la question de l’identité de l’EPS. Un débat qui est lancé par un manifeste de l’EPS qui a l’ambition de participer à la rénovation de l’école. Notez dès à présent le point de chute du rassemblement de ce bouillonnement national le 24 et 25 mai pour les états généraux de l’EPS à Paris. L’un des points d’accrochage fort est justement autour de la compétition. Certains inspecteurs jugent que nous proposons trop d’affrontement et de compétition et décrètent donc qu’il faut mieux équilibrer l’EPS proposées aux élèves. Ils ont inventé 5 compétences propres qui servent de classification des APSA. Une bonne EPS est un EPS qui est équilibrée dans la répartition de ces compétences. A priori pourquoi pas, prenons la compétence propre n°4 où il faut conduire et maitrise un affrontement individuel ou collectif. Cela induit que le tennis de table et le rugby sont dans le même groupe. Il faut expliquer aux élèves qu’ils ne peuvent pas être évalués dans les deux activités car c’est la même compétence propre. Par contre, un élève qui cependant son année fait de la course demi-fond, course de durée et course d’orientation, cela ne pose pas problème. Pourtant dans son vécu, il court, il court et il court encore même si les motifs d’agir ne sont pas les mêmes. Notre discipline gagne t’elle vraiment en clarté et en lisibilité au prés des familles ?

 

Ne nous trompons pas sur le modèle social qui est en train d’émerger. Pour certain un sport compétitif, pour d’autres une pratique de loisir pour soi. L’analyse critique de ce concept montre tout l’importance que cet objet culturel soit vécu et approprié par les élèves. La compétition est une forme déterminante de la construction de l’individu. Elle n’est pas simplement confrontation entre individu mais aussi expression d’une compétence en recherchant ensemble un même but. Philipe Danino nous dit que la spécificité de la compétition sportive réside dans l’expression d’une puissance sans pouvoir. Dans le sport, l’homme expérimente, hors la pression de buts utilitaires liés à la production, la création d’activités liées à la force de l’imagination humaine. Ici, il ne s’agit plus de créer des objets utilitaires mais des contenus symboliques, émotionnels, moteurs… Nous touchons là, la spécificité de ce qui fait l’être humain car seul lui est à même de résoudre les problèmes qui se posent ou qu’il pose dans la situation de compétition. Pour reprendre les mots de François Bigrel, « le pouvoir éducatif de la compétition est lié à sa complexité qui impose à l’individu un investissement total et à son caractère unique qui lui impose une remise en question constante. »

 

L’EPS de par son caractère obligatoire garantit à tous les élèves qu’aux moins une fois dans leur vie ils soient plongés dans cette complexité.

 

Bruno CREMONESI